Il ne manquerait plus que l’on apprenne que l’entente cachée entre RTA et le gouvernement Charest, consistant à échanger nos richesses pour un plat de lentilles, ait été signée derrière une porte close du Château Bonne Entente pour que la boucle soit bouclée.
Mais, comme l’imprévisible ne peut être prévu, il a fallu qu’un député d’arrière-ban à l’Assemblée nationale en soulève tout un pan pour nous révéler à quel point le Saguenay-Lac-Saint-Jean s’est fait « baiser » par cette entente. L’histoire retiendra cet épisode comme ayant donné lieu à l’une des plus grandes arnaques envers au Québec. La pire à avoir été orchestrée dans le dos des Jeannois et des Saguenéens.
L’entente dénoncée d’abord par le journal Le Devoir et reprise « miêvrement » par le Quotidien de Saguenay a complètement éclipsé la tournée de marketing antisyndicale du PDG de la compagnie Rio Tinto-Alcan à Alma, Étienne Jacques.
Plus encore, la nouvelle a provoqué une telle effervescence sur les sites des réseaux sociaux que cela fait craindre à François Saint-Gelais, éditorialiste au Quotidien, des lendemains qui déchantent pour les relations de travail entre STAA et RTA.
Jean Jacques Rousseau a déjà dit : ‘’Un peu d’agitation donne du ressort aux âmes, et ce qui fait vraiment prospérer l’espèce est moins la paix que la liberté. Liberté, entre autres, pour un journal comme le Devoir de dénoncer tout en informant. Ce que ne peut se permettre le Quotidien, propriété de la famille Desmarais, laquelle possède également des parts, devinez où? Chez Rio Tinto.
Nous voilà, derechef, plongés dans le vif du sujet : les rôles et responsabilités qui incombent au citoyen corporatiste qu’est Rio Tinto-Alcan au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Lentement mais surement le cahot progresse, parole de Nicholas Lahoue. Moi, c’est à ce type de débat que j’ai déjà invité Éric Dufour, président de la Chambre de Commerce de Saguenay, pour parler des vraies affaires. Mais, lui, ses compagnons et compagnes de Chambre ont préféré plutôt tenir leurs discussions en cénacle. Belle façon de noyer le poisson !
Sans en dévoiler totalement la teneur, l’économiste Marc Urbain Proulx, en 2006, avait jeté un pavé dans la marre en dénonçant cette sinistre entente, cachée de surcroît. À l’époque, plusieurs bien-pensants de tous horizons, des chantres inconditionnels du grand capital, même des leaders syndicaux, l’avaient presqu’excommunié. Nous récoltons aujourd’hui, progressistes que nous sommes, ce que nous avons semé par notre inertie.
Que cela nous serve, au moins, de leçon pour le Plan Nord!
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Texte de Jacques Brassard....
En ce début de janvier 2012, dans le froid et la neige, la région du Saguenay Lac St-Jean, se voit plongée dans une version adulte de la «Guerre des Tuques». Surréaliste!
C’est ainsi que le chef de guerre du syndicat des travailleurs de Rio-Tinto- Alcan a lancé ses brigades fanatisées à l’assaut de la multinationale maléfique et félonne. L’entreprise, ayant vu venir l’attaque, s’est retranchée dans sa forteresse et a décrété un lock-out.
Cette guerre d’usure risque de durer longtemps!
Comment en est-on arrivé là? À prime abord, il saute aux yeux que les leaders syndicaux ont opté, et cela depuis des années, pour un syndicalisme que je qualifierais de préhistorique, c’est-à-dire un syndicalisme de confrontation fondé sur les vieilles lubies de la lutte des classes : d’un côté, des travailleurs, qui s’imaginent prolétaires, «exploités» et «maltraités»; de l’autre, une entreprise «sans cœur», «vorace» et «sauvage».
C’est cette forme de syndicalisme qui se pratiquait autrefois. Il faut dire avec une certaine crédibilité. Puisqu’on pouvait, à une certaine époque, sans tomber dans la démesure, décrire des travailleurs en grève comme vivant dans des conditions de travail et de rémunération légitimement …améliorables.
Mais ce n’est manifestement plus le cas dans les usines d’Alcan au Québec. D’ailleurs, les syndiqués eux-mêmes reconnaissent et affirment qu’ils n’ont rien à redire concernant leurs conditions de travail, leurs salaires et leurs régimes de retraite.
Il faut dire qu’ils savent bien que tout le monde sait qu’ils sont à cet égard des privilégiés. On le voit bien quand Alcan procède à des embauches. C’est alors la ruée par milliers pour avoir la chance de «gagner le gros lot» : un emploi dans l’entreprise.
Mais alors, pourquoi cette guerre? Pourquoi le président du syndicat, après un vote de grève massif, a-t-il déclaré : «Maintenant, nous avons l’arme et nous avons les balles»?
Écoutez-les.
Un syndiqué : « C’est pour la région et les générations futures que l’on se bat. Ça va être une bataille épique. Ça prendra le temps que ça prendra…». J’ai bien peur qu’il va trouver le temps long …bien avant l’entreprise.
augmentation de salaire, on se bat pour la région. On est prêt et on est capable d’aller jusqu’au bout du conflit». Ce jusqu’auboutisme est typique des débuts de conflit de travail. Six mois plus tard, on fanfaronne un peu moins.
Ce discours syndical est bien connu. Il consiste à s’efforcer de convaincre la population que c’est pour elle que l’on a déclenché la guerre. Il consiste aussi à arracher des larmes aux citoyens en leur révélant qu’ils se battent pour leurs enfants.
C’est là un disque bien usé. Je me souviens qu’en 1972 (j’étais gréviste alors) le prêche syndical consistait à dire que si on réclamait des augmentations de salaire substantielles, ce n’était pas vraiment pour nous, mais pour les pauvres salariés du privé. En vertu du principe étrange qu’une hausse des salaires dans le secteur public allait migrer par osmose vers le privé. Le pire, c’est qu’on y croyait! Moi, je vous le dis tout net, cet altruisme, cet oubli de soi autoproclamé, cet esprit de sacrifice dans l’intérêt de la « veuve et de l’orphelin », tout ce prêchi-prêcha syndical me laisse totalement froid.
C’est de la bouillie pour les chats! C’est une homélie larmoyante qui ne sert qu’à masquer des intérêts bassement corporatistes : moins de sous-traitance égale plus de syndiqués et davantage de cotisations syndicales. Un point, c’est tout!
Et ifin de se battre pour « la région et les générations futures ». Quand donc leur a-t-on accordé un tel mandat? Personne ne leur a confié – mis à part 88% des 778 travailleurs syndiqués – la mission d’entreprendre pour nous, population régionale, une lutte « épique » sans issue.
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